Le suivi quantitatif des frayères d’aloses consiste à compter les bulls une nuit sur trois pendant une période de 46 nuits. Un suivi régulier est en effet une bonne méthode pour caractériser la période et l’intensité de la reproduction.
En cette année 2023, de nombreuses frayères ont été suivies ou prospectées.
En 2023, 887 bulls ont été observés sur l’ensemble des cours d’eau suivi. Une nouvelle fois, les fleuves côtiers se distinguent avec plus de 60% des bulls observés sur l’Aude et la Têt (respectivement 277 et 262 bulls).
Sur l’axe rhodanien, le cours d’eau le plus actif en 2023 est l’Ardèche avec 154 bulls observés entre les sites de Saint Martin d’Ardèche et de la Piboulette. Aucune activité n’a été observée sur l’Ardèche au-delà de l’ouvrage de Saint Martin d’Ardèche, qui pour rappel, a des problèmes de fonctionnalité liés à la formation d’un atterrissement en amont de l’ouvrage. 17 bulls ont été observés sur le Vieux Rhône de Donzère, ce qui témoigne de la présence des aloses sur ce secteur en 2023.
70 bulls ont été observés sur la Durance à l’occasion de 4 nuits d’activités. Les aloses étaient également présentes sur la Cèze, avec 107 bulls observés malgré des niveaux d’eau très bas au printemps 2023. Des prospections ont été menées sur l’Ouvèze, le Gardon en amont du seuil de Remoulins nouvellement aménagé malheureusement, ces prospections n’ont pas été fructueuses.
Les premiers bulls observés datent du 27/04/2023 sur l’Aude et la Têt et le dernier le 03/07/2023 sur la Durance.
L’année 2023 est marquée par de faibles débits sur les cours d’eau de la région Occitanie ainsi que l’Ardèche. Sur la Durance, la période printanière a été marquée par des restitutions à partir du début du mois de juin.
Gardon
Sur le secteur de Fournès, le suivi a été réalisé une nuit sur trois. Il a débuté le 12/04/2023 et s’est terminé le 12/06/2023. Aucune activité n’a été observée sur la frayère de Fournès. 8 nuits de prospections ont été conduites sur les secteurs en amont de Remoulins, aucune observation n’a également pu être faite. Il est probable que les aloses n’aient pas colonisées en masse l’axe Gardon qui a présenté des faibles débits ce printemps. De plus le seuil de Beaucaire reste difficilement franchissable dans des conditions de faibles débits comme rencontré au printemps sur le Rhône. Pour la seconde année consécutive, les résultats obtenus ne permettent pas de témoigner de la fonctionnalité de la passe à poissons de Remoulins mise en eau en début d’année 2022.
Merci à l’EPTB Gardons pour son investissement à nos côtés
Durance au seuil n°68
Le suivi a été réalisé du 02 mai au 06 juillet 2023. Au total, 70 bulls ont été dénombrés en 4 nuits d’activité dont une qui fait état de 54 bulls observés le 04/05/2023. Il s’en est suivi une seconde nuit d’activité le 09/05/2023 puis deux nuits d’activités les 29/06/2023 et 03/07/2023.
Les observateurs témoignent de géniteurs encore présents lors de la dernière nuit de suivi sans activité observée, avec une température de l’eau dépassant 23°C.
Les observations réalisées sur la Durance sont difficiles à expliquer, notamment l’absence de bulls entre le 09 mai et le 01 juin ; date à partir de laquelle des plus forts débits ont été observés sur la Durance (moyenne journalière supérieure à 100 m3/s et atteignant 270 m3/s le 15 juin).
Les ateliers indicateurs Aloses menés dans le cadre de l’animation de l’observatoire des poissons migrateurs en Rhône-Méditerranée permettront d’échanger avec les partenaires locaux sur la saison en Durance et de soulever des hypothèses concernant la période d’absence de bulls.
Ouvèze
Une seule nuit de prospection a été réalisée par l’équipe de MRM le 11/05/2023, la seconde nuit ayant été annulée à cause d’une hausse de débit à la fin du mois de mai. Cette unique nuit de suivi n’a pas permis l’observation de bulls mais l’effort de suivi est particulièrement faible. En parallèle, les résultats des prélèvements ADNe montrent la présence de l’alose feinte de Méditerranée sur ce cours d’eau ce printemps. La mise en place d’un caisson de vidéo-comptage à la confluence du Rhône et de l’Ouvèze en juillet 2023 viendra renseigner de manière plus quantitative sur la colonisation de cette rivière par les aloses dès la saison 2024.
Cèze à Chusclan
Le suivi a été réalisé du 29/04/2023 au 10/06/2023, 22 nuits ont été réalisées dont certaines quotidiennement lors de la période de pic. 107 bulls ont été observés sur la Cèze. Ce chiffre, bien que moins élevé que l’an passé (278 bulls observés en 2022) reste encourageant quant à la reprise de la passe à poissons de Codolet et l’aménagement du seuil de Chusclan. Sur la Cèze, le printemps 2023 a été marqué par des débits très faibles qui ont pu gêner les aloses puisque les hauteurs d’eau étaient plus faibles. Les retours de captures à la ligne témoignent également de la bonne colonisation de la Cèze. A noter, que les premiers bulls ont été observés lors de la première nuit de suivi et jusqu’au 29/05/2023. Dès le début du mois de juin, la Cèze a semblé être désertée par les aloses.
La nouvelle gestion de la buse reliant la confluence Rhône/Cèze et le port de l’Ardoise mise en place en 2022 a de nouveau porté ses fruits puisque aucune alose n’a été observée au niveau du port de l’Ardoise (observation régulière de la part des équipes en place sur la Cèze).
Ardèche
L’aire de colonisation des aloses sur l’Ardèche en cette année 2023 semble se cantonner au secteur situé en aval de Saint Martin d’Ardèche. En effet, aucune observation, que ce soit de reproduction ou d’autre type n’a été reportée en amont de l’ouvrage de Saint Martin d’Ardèche.
Les suivis réalisés sur les secteurs aval entre le 04/05/2023 et le 25/06/2023 font état de 74 bulls observés sur la frayère forcée de Saint Martin d’Ardèche et de 80 bulls observés sur la frayère de la Piboulette en respectivement 6 et 3 nuits d’activité. 14 nuits ont été partagées entre les secteurs de Salavis-Ibie et Petite Mer sur le secteur amont des gorges de l’Ardèche sans observation.
Ces résultats sont encourageants sur l’Ardèche et vont dans le sens du schéma de migration amont observé en 2023 (bas débits du Rhône). Le suivi de la frayère de la Piboulette montre également toute sa pertinence puisque des aloses semblent s’y arrêter. Il convient tout de même de souligner que bien que classé franchissable, le seuil de la Piboulette peut engendrer des difficultés aux aloses en période de bas débits, comme ceux rencontrés en 2023.
Il est de nouveau nécessaire de relever le dysfonctionnement de la passe à poissons de Saint Martin d’Ardèche qui n’est pas entretenue. La présence de l’atterrissement en amont de cette dernière limite considérablement les écoulements dans la passe à poissons et rend très difficilement franchissable l’ouvrage de Saint Martin d’Ardèche, voire impossible dans les conditions de débits rencontrées en 2023. L’entretien de la passe à poissons de Saint Martin d’Ardèche permettrait l’accès aux aloses aux nombreuses frayères que présente l’Ardèche. En effet, de nombreux travaux ont été entrepris sur les ouvrages situés en amont des gorges de l’Ardèche permettant théoriquement l’accès sur l’ensemble de la ZAP.
Vieux Rhône de Donzère
Le suivi a été mené du 03/05/2023 au 19/06/2023. 16 bulls ont été observés en aval du barrage de Donzère entre le 02/06/2023 et le 17/06/2023. Les dates de fraies peuvent paraître tardive en vue du déroulement de la saison sur les affluents rhodanien, cependant, le Rhône a profité de l’apport d’eau d’affluents plus amont de région qui ont été plus pluvieuses au printemps. 1 bull a été observé sur la frayère naturelle de la Grange écrasée et des bancs de géniteurs y ont été observé. En revanche, et ce pour la seconde année consécutive, aucune observation n’a été faite sur la frayère du Fraou. Le Vieux Rhône de Donzère comprend de nombreuses zones potentiellement favorables à la reproduction de l’alose, il est probable que d’autres zones aient été actives. Les habitats favorables pour les aloses ont été cartographiés en 2022 par MRM sur ce tronçon. La frayère du Fraou ne ressortant pas comme une frayère très intéressante, il pourrait être pertinent d’identifier un autre site de suivi. La volonté de remplacer cette frayère par une frayère en théorie plus intéressante est confrontée à des problèmes d’accès pour les opérateurs du suivi.
Aude
Trois nuits par semaine ont été réalisées entre le 26/04/2023 et le 20/06/2023. 277 bulls ont été dénombrés. L’activité de reproduction a eu lieu entre le 27/04/2023 et le 08/06/2023. Cette saison confirme une nouvelle fois que l’Aude est un axe régulièrement colonisé par les aloses et présente un enjeu majeur pour la préservation des aloses.
Têt
Dix nuits de prospections ont été réalisés sur la Têt entre le 27/04/2023 et le 06/06/2023. La Têt a souffert au printemps d’un débit très faible, presque 10 fois inférieur à la moyenne mensuelle des mois de mai et juin. Conséquences de ces faibles débits, les passages à gué de Villelongue et de Bompas sont apparus difficilement franchissable par les aloses (Figure 2). Suite aux témoignages de présence, le choix a été fait de réaliser la première nuit de suivi en aval du passage à gué de Villelongue le 27/04/2023. Des bulls ont été observés dès la première nuit de suivi et c’est au total 262 bulls qui ont été observés en 6 nuits de fraies observées ! C’est la première année où des bulls sont observés sur ce fleuve côtier. Les prélèvements ADNe réalisés en aval de Bompas et dans la traversée de Perpignan ne montrent pas de signe d’aloses en amont du passage à gué de Villelongue. Ces résultats corroborent l’hypothèse que le passage à gué de Villelongue soit difficilement franchissable dans les conditions de débits observés en 2023.
Bien que fortement influés par les faibles débits printaniers, ces résultats sur la Têt restent très encourageants dans le cadre des projets de restauration de continuité écologique. En revanche, ils ne permettent pas de conclure quant à la fonctionnalité des passes à poissons du passage à gué du Parc des expositions et du radier Pont Joffre dans la traversée de Perpignan réalisées en 2022 et 2023.
Des nuits seront de nouveau mises en place en 2024 dans le cadre du projet de création de passe à poissons sur le seuil SNCF à l’horizon 2025/2026.
L’implication locale de l’ensemble des acteurs est à mettre en valeur avec un investissement de la part de l’OFB, la FDAAPPMA66 et le SMBVT.