Des conditions hydrologiques défavorables à la réalisation des suivis
En 2024, le bassin du Rhône et les fleuves côtiers ont connu des débits printaniers très élevés, rendant difficile le suivi de la reproduction des aloses. Dans de nombreux endroits, les suivis ont dû être suspendus, surtout en début de saison. Les sites les plus touchés incluent la Durance, le Vieux Rhône de Donzère, la Cèze et l’Ardèche.
Bilan de la reproduction sur le bassin du Rhône
Les forts débits en début de printemps ont certainement favorisé le franchissement du seuil de Beaucaire et la colonisation du Gardon par les aloses, contrairement au 2 années précédentes. Les résultats de la pêcherie à venir pourront peut-être soutenir cette hypothèse.
L’activité de reproduction sur la frayère de Fournès demeure inconnue. Les efforts de suivi sur ont été concentré sur les secteurs amont. Faute de moyens humains, le secteur de Fournès n’a pas pu être suivi.
Cèze
Le suivi a commencé à la mi-mai. Malgré la présence d’aloses sur le site de Chusclan, aucun bull n’a été observé. Néanmoins, nous ne pouvons pas affirmer que les conditions hydrologiques sont la seule cause de cette absence d’activité car cette saison est la première depuis l’ouverture de la passe de l’ouvrage de Chusclan. Ainsi, il est également possible que les géniteurs aient franchi l’ouvrage pour coloniser les secteurs amont. En effet, plusieurs aloses ont été repérées en aval des cascades du Sautadet et un bull y a été observé.
Ardèche
Le suivi a débuté le 22 avril. Néanmoins les conditions d’observations sont restées mauvaises à cause de forts débits jusqu’à fin mai. Seuls 9 bulls ont été comptabilisès mais des aloses et une activité de reproduction ont été observées sur trois sites distincts, confirmant ainsi la colonisation de l’Ardèche jusque sur l’amont des gorges. Le site du seuil de Saint-Martin d’Ardèche n’a pas pu être suivi ce qui ne permet pas d’estimer l’activité de reproduction en aval de cet ouvrage difficilement franchissable.
Bilan de la reproduction sur les fleuves côtiers
Aude
Entre le 25/04/2024 et le 17/06/2024, 17 nuits de suivi ont permis de comptabiliser 109 bulls (activité de reproduction observée entre le 06/05/2024 et le 13/06/2024).
Avec plus 50% des bulls observés sur l’ensemble du bassin, le site de Moussoulens est une fois de plus la frayère suivie la plus active du Bassin Rhône Méditerranée, confirmant l’enjeu majeur que représente l’Aude pour la préservation des aloses.
Entre le 10/05 et le 11/06, 3 nuits d’activité ont été observées (exclusivement sur la frayère de Villelongue). Des géniteurs ont été vu en aval du seuil SNCF, mais aucun bull n’a pu être observé. A noter que les conditions d’observation et d’écoute sur ce site sont particulièrement mauvaises.
Ces observations nous permettent de confirmer la franchissabilité des passes récemment aménagées sur le passage à gué du Parc des expositions ainsi que sur le radier Pont Joffre (2022-2023).
Au total, 55 bulls ont été dénombrés. Ce résultat est bien inférieur à celui de l’année passée car les aloses ont pu franchir le seuil de Villelongue et se répartir sur les linéaires amont. De ce fait, l’activité de reproduction s’est probablement déroulée sur plusieurs sites, rendant ainsi son suivi beaucoup moins exhaustif.
Synthèse
212 bulls ont été observés sur les cours d’eau suivis. Une nouvelle fois, les fleuves côtiers se distinguent avec plus de 85 % des bulls observés sur le Vidourle, l’Aude et la Têt (respectivement 20, 109 et 55 bulls).
Sur l’axe rhodanien, le cours d’eau le plus actif en 2024 est le Gardon avec 18 bulls observés en aval du seuil de Collias. Sur les fleuves côtiers, l’Aude présente une fois de plus la plus forte activité de reproduction avec 109 bulls exclusivement observés à Moussoulens.
Le premier bull de la saison est observé sur le Vidourle, le 15/04/2024 et le dernier le 19/06/2024 sur la Cèze.
Cette saison a été caractérisée par de nombreux coups d’eau ayant fortement porté atteinte à la faisabilité du suivi, notamment sur les sites du bassin Rhodanien. Sur les fleuves côtiers, les conditions hydrologiques ont, dans une moindre mesure, porté atteinte au suivi par la dégradation des conditions d’écoute et d’observation. De plus, les successions de coups d’eau sur la période de reproduction ont probablement impliqué des conditions défavorables à l’activité de reproduction (forte variabilité des conditions thermiques et hydrologiques, vitesses de courant défavorables, etc…).
Ainsi, le nombre de bulls observés cette année est globalement faible à l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée. Néanmoins, outre l’aspect quantitatif, certains résultats de la saison 2024 sont particulièrement intéressants en termes d’évaluation de l’efficacité de la restauration de la continuité écologique. C’est notamment le cas des aloses observées en aval des cascades du Sautadet sur la Cèze, à Collias sur le Gardon ou encore au pied du seuil SNCF sur la Têt. Sur ces trois cours d’eau, le suivi de la reproduction a ainsi permis de démontrer l’efficacité de la restauration de la continuité écologique et d’observer l’extension du linéaire colonisé.
Que nous apportent ces suivis ?
Le suivi de la reproduction des aloses fournit des informations capitales pour la gestion de l’espèce en Rhône Méditerranée :
- Acquisition de connaissances sur la reproduction de l’espèce : déterminisme environnemental, saisonnalité et comportement
- Quantification de l’intensité de la reproduction et comparaison interannuelle en termes de schéma migratoire et d’évolution des populations
- Évaluation de l’efficacité des aménagements réalisés en faveur de la continuité
- Identification des sites les plus représentatifs de la reproduction de l’alose
Ces suivis s’inscrivent dans le cadre du PLAGEPOMI 2022-2027 visant à protéger les poissons migrateurs dans le bassin Rhône-méditerranée.
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Pour en savoir plus
– l’Alose feinte de Méditerranée
– Suivi de la reproduction des aloses