Il est largement reconnu que la qualité des habitats de reproduction influence directement la survie des juvéniles et donc la contribution de certaines frayères au stock global de l’espèce. Ainsi, le maintien des populations dépend de la colonisation du cours d’eau en question, de l’accessibilité des zones de reproduction et de la qualité des habitats présents (pour la reproduction et le développement des juvéniles).
Connaître la contribution des cours d’eau au stock d’aloses en Méditerranée serait donc un atout conséquent qui permettrait par ailleurs d’optimiser les mesures de gestion pour l’espèce à l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée.
C’est pourquoi, depuis 2019, MRM se lance dans l’analyse microchimique des otolithes d’aloses qui permet de retracer leur histoire de vie.
L’otolithe est une pièce calcaire située dans l’oreille interne des poissons. C’est une pièce présente dès l’éclosion du poisson et qui croît tout au long de la vie de l’individu. L’otolithe a la particularité « d’imprimer » la signature géochimique du cours dans lequel le poisson vit. Cette signature est notamment caractérisée par le rapport de divers éléments (Strontium/Baryum/Calcium). En théorie, chaque cours d’eau possède sa propre signature géochimique.
Pour vérifier que les différents cours d’eau échantillonnés de notre territoire possèdent bien des signatures géochimiques différentes, nos équipes ont prélevés des échantillons d’eau sur des cours d’eau du bassin Rhône-Méditerranée où la présence de l’alose est avérée et sur les cours d’eau susceptibles d’accueillir l’espèce (soit 19 sites allant du Tech à l’Argens et en remontant jusqu’à l’Eyrieux et la Drôme sur l’axe Rhône).
Ces prélèvements, effectués en période d’étiage (juillet et août), ont ensuite été transmis à un laboratoire pour analyse…Quelques cours d’eau se distinguent nettement des autres, c’est le cas du Tech, de la Têt, de l’Argens, de la Durance de la Drôme et de l’Eyrieux.
D’autres présentent des signatures géochimiques semblables sans cohérence géographique apparente. Ceci permet de proposer des premiers regroupements qui sont susceptibles d’évoluer lors des prochaines phases de l’étude (Agly, Vidourle et Ouvèze / Ardèche et Hérault / Cèze, Gardon, Orb et Aude).
En capturant des juvéniles sur leur lieu de naissance, nous nous assurons que seule la marque géochimique du site d’éclosion est présente. Mais capturer des alosons n’est pas chose évidente !
Il arrive assez fréquemment que des pêcheurs amateurs à la ligne capturent de manière accidentelle des alosons. Aussi, nos équipes sont partie à la pêche au coup !
La difficulté majeure pour nos équipes reste de « trouver » les alosons. En effet, ceux-ci semblent se déplacer en banc, ce qui nécessite de se placer au bon endroit et au bon moment. Mais une fois le banc d’aloson repéré, la capture des 8 alosons peut prendre peu de temps (environ 1h sur la Durance et l’Hérault).
Bien qu’elle pourrait être optimisée sur certains sites, la méthode de capture des alosons par pêche au coup s’est révélée fonctionnelle et efficace pour des coûts réduits. Néanmoins, il semble compromis de réussir à capturer 8 alosons sur chacun des 19 sites étudiés notamment sur les cours d’eau où la présence des aloses semble plus sporadique (Têt, Agly ou Argens).
Il est prévu d’analyser les otolithes de 5 alosons par cours d’eau mais l’objectif est d’en capturer 8 site. Il est important de s’assurer que les otolithes soumis aux analyses chimiques soient structurés normalement. Un otolithe bien formé est constitué d’aragonite sous forme cristalline mais il peut arriver que ce soit une autre forme qui se soit cristallisée. De plus, lors de l’extraction des otolithes il peut arriver d’en casser ou bien d’en perdre un. Capturer 8 individus permet donc de se couvrir en cas d’un otolithe mal formé ou perdu.
Les individus capturés ont été envoyés en analyse…
Résultats à suivre….