Les importants besoins en eau pour la riziculture conduisent chaque année au pompage de plus 400 millions de mètres cubes d’eau du Rhône entre les mois d’avril et d’octobre. Hors, cette période culturale correspondant également à celle de la migration des anguillettes, il est donc probable que ces pompages aient une influence significative sur le flux migrant.
MRM réalise depuis une étude de faisabilité d’échantillonnage des canaux d’irrigation sur le canal du Sambuc, reposant d’une part sur la connaissance du réseau de pompage et d’autre part sur la conception et l’expérimentation d’un protocole de suivi de l’influence de ce pompage sur la migration des anguilles.
L’échantillonnage s’effectue entre les mois d’avril et d’octobre (selon le fonctionnement de la station de pompage et les besoins en eau de la riziculture).
3 pièges de type verveux sont successivement installés au sein du canal de distribution. Les deux premiers verveux de maille 10 mm et 6 mm permettent tout d’abord de piéger un maximum de débris et ainsi limiter le colmatage. Enfin, un piège de type verveux de 1,5 mm de vide de maille est ensuite installé à l’aval des deux autres afin de pouvoir capturer les civelles. Ce piège, monté sur des barres fixées aux deux côtés du canal est placé de manière à filtrer l’intégralité du volume pompé.
Les échantillonnages sont réalisés une fois par semaine pendant toute la période de fonctionnement des pompes avec une pose des filets la veille au soir vers 20h et une relève le lendemain matin à 7h.
Les anguillettes capturées sont dénombrées et mesurées individuellement. Les civelles, quant à elles, sont dénombrées, mesurées, pesées individuellement et leur stade pigmentaire déterminé.
Dans le cas où le nombre de captures est trop important pour relever ces paramètres, un échantillon de 50 individus est réalisé pour chaque stade afin de déterminer le poids moyen d’un individu et ainsi estimer le nombre total d’anguilles (ou civelles) capturées. Les stades pigmentaires sont également réalisés sur l’échantillon de civelles. Les autres espèces capturées sont uniquement identifiées et dénombrées puis l’ensemble des individus capturé est relâché dans le Rhône.
Les premiers retours d’expériences montrent que les anguilles pompées sont essentiellement de petite taille et qu’une proportion non négligeable de ces individus présente des lésions sévères. 39 des 92 anguilles capturées en 2019 ont été trouvées mortes dont 5 présentant des anomalies sévères qui résultent probablement du passage dans les pompes. Concernant les anguilles mortes sans blessures apparentes, cela pourrait être la résultante de leur placage au fond du piège (fort courant et résistance au filet) sans qu’il soit toutefois possible d’exclure que le passage dans les pompes puisse induire une mortalité retardée (variations de pression par exemple).