L’Alose feinte de Méditerranée (Alosa Agone) appelée jusqu’en 2019 Alose feinte du Rhône (Alosa Fallax rhodanensis), appartient à la famille des clupéidés (groupe des harengs et de la sardine).
L’Alose feinte de Méditerranée, espèce endémique*, est un poisson au corps fusiforme, aplati latéralement. Elle a le dos vert bleuté à reflets métalliques, les flancs argentés et le ventre blanc. On la distingue de sa cousine la Grande alose (Alosa alosa, absente du bassin méditerranéen) par sa plus petite taille et par l’existence d’une rangée de 4 à 8 petites taches noires en arrière de l’opercule.
Espèce migratrice sensible et particulièrement soumise aux problématiques de franchissement d’obstacles à la continuité écologique, l’Alose feinte de Méditerranée est aujourd’hui classée comme quasi-menacée sur les listes de l’U.I.C.N.( Union internationale pour la conservation de la nature)
L’Alose vit en mer et se reproduit en eau douce. La période de reproduction est initiée par le départ des adultes vers les rivières. Elle débute en mars et peut durer tout le printemps. Cette migration est notamment influencée par les conditions thermiques de l’eau qui jouent également un rôle important dans le déclenchement de la reproduction, dont la période propice sur le bassin du Rhône se situe entre avril et juillet lorsque les températures sont supérieures à 16°C.
La ponte a lieu dans des zones peu profondes de graviers ou de galets, où le courant est assez élevé, appelées des « radiers ». Lorsque de telles conditions ne sont pas rencontrées, les aloses peuvent tout de même se reproduire sur des frayères dites de substitution, situées généralement au pied des seuils.
L’acte de ponte, appelé « bull », est caractéristique et se définit comme un rapide mouvement circulaire d’au moins deux géniteurs flanc contre flanc, frappant violemment la surface de l’eau avec leur nageoire caudale pour favoriser la fécondation des œufs, ce qui engendre un tourbillon pouvant être très bruyant (jusqu’à 50dB) durant 3 à 10 secondes.
La plupart des individus survivent à la fraie et se reproduisent plusieurs fois.
Dans des conditions thermiques optimales (17-18°C), le temps d’incubation est très court (3 à 5 jours). Les larves restent sur le fond à proximité de la frayère. Au bout de 15 à 20 jours, les alosons vont prospecter plus largement la frayère à la recherche de nourriture. Ils ont un régime alimentaire varié et profitent de la moindre ressource offerte par le milieu.
En été et début d’automne, les alosons ( 3 à 9 cm) rejoignent l’estuaire en quelques semaines (2 à 4 mois après éclosion) pour commencer leur croissance en milieu salin.
Larve au jour 4
Larve au jour 6
Larve au jour 8
Larve ALF
Larve Bino
Alevin
L’Alose feinte peut se reproduire plusieurs fois au cours de sa vie (on parle d’espèce itéropare). Les géniteurs qui survivent à la reproduction regagnent la mer rapidement (dès le début de l’été).
La phase marine de l’Alose est malheureusement peu connue, particulièrement en méditerranée. Les connaissances dont nous disposons indiquent que l’alose feinte reste à proximité des côtes, dans des profondeurs n’excédant pas 20 m. Une fois la maturité sexuelle atteinte (2 à 3 ans pour les mâles et 3 à 5 ans pour les femelles), l’alose entame sa migration de reproduction.
L’Alose feinte est un poisson marin pélagique* qui vit sur le plateau continental et en zone littorale. Elle ne regagne les fleuves que pour se reproduire.
L’Alose se nourrit de petits poissons et crustacés pélagiques ou semi pélagiques et cesse de s’alimenter une fois arrivée dans les eaux continentales.
L’alose feinte de Méditerranée est endémique de notre bassin. On la retrouve majoritairement sur le bassin du Rhône et certains fleuves côtiers d’Occitanie comme l’Aude, l’Orb, l’Hérault ou le Vidourle. Elle colonise aussi dans une moindre mesure le Tech, la Têt et l’Agly dans les Pyrénées-Orientales mais aussi l’Argens dans le Var.
L’aire de répartition des aloses tend à s’étendre grâce à la restauration de la continuité écologique des cours d’eau. La plupart des sites intéressants pour la reproduction ne sont toutefois pas encore accessibles pour l’instant.
Les indicateurs de suivi de la population d’aloses sont assez contrastés. Les pêcheries à la ligne tendent à montrer une relative stabilité de captures depuis plus de 20 ans alors que le suivi de la reproduction nous montre une diminution drastique de l’activité des géniteurs sur les frayères suivies.
Il faut donc rester vigilant quant à l’évolution de la population lors des années à venir.