En 2022, l’activité de pêche avait pu reprendre un rythme « normale » lié à la fin des « restrictions covid » ainsi qu’à des conditions hydrologiques favorables à la pratique de la pêche. Alors que la participation des pêcheurs en 2022 était relativement encourageante, la saison 2023 connait de nouveau une baisse de participation et de l’effort de pêche rapporté.
62 pêcheurs du bassin rhodanien nous ont retourné leurs carnets en 2023. Parmi ces 62 carnets, 42 d’entre eux sont exploitables (près d’un tiers des carnets sont vides).
Ainsi sur l’ensemble du bassin, 495 aloses ont été capturées entre le 12 avril et le 10 juin. Ces captures sont issues d’un effort de pêche de 469 heures et la CPUE est alors de 1,06 aloses par heure (la moyenne de la CPUE sur les 25 dernières années étant de 0,72 aloses par heures).
Les captures les plus amont ont été réalisées en aval du barrage de Donzère entre le 09 et le 23 mai. Le front de colonisation 2023 est cependant déterminé par les prélèvements ADNe et s’établit au 5e étage, avec un fort signal de présence sur le Vieux Rhône de Rochemaure.
Front de colonisation des affluents
Sur l’Ardèche, la pêcherie ainsi que le suivi de la reproduction s’accordent sur un front de colonisation situé en aval du seuil de St Martin, ce dernier représentant un point bloquant en raison du mauvais entretien de sa passe à bassin. Sur la Cèze et la Durance, les ouvrages infranchissables (respectivement de Chusclan et de Callet) représentent à la fois le site privilégié de captures et le front de colonisation.
Sur le Gardon, aucun retour de pêcheur ne nous permet de confirmer la présence des aloses en amont du seuil de Remoulins, équipé d’une nouvelle passe à poissons depuis 2022.
Sur l’Ouvèze, dont la confluence a également été équipée récemment (en 2023), la capture de 3 aloses ainsi que les résultats ADNe nous permettent de confirmer la colonisation de cet axe.
Globalement, les retours de carnets et l’effort total de pêche poursuivent leur tendance à la baisse. Néanmoins, il convient de remarquer que cette tendance concerne avant tout la diminution de l’effort de pêche sur les sites historiquement très fréquentés. Ainsi, le nombre de sites pêchés et le territoire couvert par le suivi reste relativement constant.
En 2023, les résultats des suivis de la pêcherie et de la reproduction reflètent une forte capturabilité des aloses à l’étage 2, une colonisation conséquente des vieux Rhône des étages 3, 4 et potentiellement 5 (fort signal ADNe), ainsi que de leurs affluents rive droite (Ardèche et Cèze). Enfin, la CPUE globale sur l’ensemble du bassin (1,06) est nettement supérieure à la moyenne des 26 dernières années (0,71) et reflète ainsi une bonne capturabilité des aloses en 2023.
Schéma de migration
Les résultats suggèrent un schéma de migration amont. En effet, les très faibles captures de l’étage 1 associées à la colonisation effective des affluents des étages 3 et 4, vont dans ce sens. Ce schéma est alors aisément explicable par les débits du printemps 2023 qui furent particulièrement faibles. Cependant, malgré des conditions hydrologiques favorables à une colonisation de l’amont du bassin, des difficultés de montaison liées aux points bloquants sont toujours observées. De plus, dans le cadre des changements hydro-climatiques, particulièrement marqués ces deux dernières années, ces difficultés de montaison sont susceptibles d’être accentuées par les trop faibles débits sur les ouvrages et dans les dispositifs de franchissement (ces derniers n’ayant pas été conçus pour s’adapter à de si faibles débits). Ces points bloquant persistent notamment sur l’Ardèche au droit du seuil de Saint-Martin ou encore sur le Rhône, au droit du barrage de Donzère, laissant alors l’écluse de l’usine de Bollène comme unique voie de passage vers l’amont du bassin.
Afin d’affiner cette analyse, les résultats seront recoupés avec les données hydrologiques, les résultats des prélèvements ADNe ainsi que les résultats du suivi de la reproduction dans un rapport final.