Une priorité : la continuité écologique

Obstacles transversaux & continuité écologique

Les ouvrages transversaux (seuils et barrages), quelque que soit leur taille, sont une coupure à la continuité écologique des rivières. Ces obstacles ont pour conséquence de réduire, voire supprimer, les possibilités pour les poissons d’accomplir entièrement leur cycle de vie. En effet, de nombreux poissons qu’ils soient  petits ou grands migrateurs, ont besoin de descendre et de remonter le cours d’eau pour accomplir leur cycle de développement. C’est pour eux un besoin vital ! Si certains ont la capacité de sauter, c’est loin d’être une majorité !
La franchissabilité d’un obstacle varie en fonction de nombreux paramètres (attractivité, vitesses d’écoulement, hauteur d’eau…) mais il est courant de considérer qu’un seuil dont la hauteur de chute est supérieur à 30 cm est susceptible de pénaliser la migration de la plupart des espèces.
L’amélioration de la continuité des cours d’eau est donc un axe de travail prioritaire du PLAGEPOMI.

Le seuil de Fournès après arasement sur le Gardon ©MRM

Le seuil de Fournès après arasement sur le Gardon ©MRM

Rétablir la continuité écologique

Les différents acteurs de l’eau proposent des solutions en fonction des contextes techniques, financiers, historiques, écologiques et ce pour chaque cours d’eau.

Par l’arasement des ouvrages

L’effacement-arasement des seuils reste la meilleure solution. C’est en effet le seul moyen de restaurer totalement et de manière pérenne la libre circulation pour toutes les espèces. Il permet par ailleurs de retrouver des surfaces productives en amont en rendant au cours d’eau un espace de divagation, une diversité d’écoulements… Cette solution doit être systématiquement étudiée.

Les dispositifs de franchissement

1/ Rivière de contournement
2/ Seuil en pré-barrages
3/ Passe à bassin
4/ Utilisation des écluse
5/ Ascenseur
6/ Rampe à plots « evergreen »
7/ Rampe à balai brosse

Lorsque l’effacement-arasement d’un seuil n’est pas possible, l’aménagement de passes aux dimensions adaptées aux espèces présentes reste une solution efficace. Ces passes doivent permettre aux migrateurs de poursuivre leur colonisation.
Depuis les années 70, l’OFB a acquis un retour d’expérience considérable en matière d’étude de la franchissabilité des seuils et de conception de passes au sein de son pôle éco-hydraulique. Pour le reste, un peu d’imagination et beaucoup d’adaptabilité ont permis de créer ces aménagements :

1/ Rivière de contournement

L’objectif est de relier l’amont et aval du seuil par un chenal dans lequel l’énergie est dissipée et les vitesses réduites par la rugosité du fond et celle des parois ainsi que par une succession d’obstacles (blocs, épis, seuils) plus ou moins régulièrement répartis, reproduisant l’écoulement d’un cours d’eau naturel.
Ce dispositif est adapté à toutes les espèces, à tous types de cours d’eau et à tous types d’ouvrages excepté les très grandes hauteurs de chute. Il demande cependant une grande surface disponible en berge.

2/ Le seuil en pré-barrages

Le principe est de fractionner tout ou partie de l’ouvrage avec la création de pré-seuils construits généralement en aval de l’obstacle. Ce dispositif franchissable par conception demande peu d’entretien et très peu de génie civil car il utilise le seuil naturel. Proche de la passe à bassins, il est plus sélectif, mais son attractivité est optimale car il laisse passer une forte proportion du débit. La clé de cet ouvrage est l’échancrure, ouverture de passage intégrée dès la conception de l’ouvrage, qui demande une analyse précise du contexte pour adapter sa franchissabilité à un maximum d’espèces.

3a/ Passe à bassins

La passe à bassins successifs consiste à diviser la hauteur de chute en plusieurs petites chutes formant une série de bassins. Cet équipement s’adapte à différentes hauteurs de chute et espèces à l’aide de différents types de bassins pour définir la forme du jet , d’un système d’échancrures à définir en de facteurs biologiques, physiques, hydrauliques, d’entretien ou encore de génie civil. Il existe des échancrures déversantes, latérales ou à fente verticale en fonction des espèces ciblées.

3b/ Passe à ralentisseurs

Dispositif très sélectif, la passe à ralentisseurs est utilisée pour les salmonidés et les cyprinidés (Carpe, Vairon…) d’eau vive. Elle s’adapte aux canaux linéaires étroits dans lesquels on place des déflecteurs de fond ou de côté. Ces derniers créent des courants hélicoidaux qui cassent la vitesse du courant. Cette passe est réservée aux espèces rapides pour parvenir à le franchir. Il existe très peu d’ouvrages à ralentisseurs pour les grands migrateurs sur le bassin Rhône-Méditerranée.

4/ Utilisation des écluses

Sur le Rhône, un dispositif original a été développé : l’éclusage spécifique à poissons. Ce système est basé sur le même principe que les écluses à bateaux, moyennant une adaptation des équipements. Un courant d’attrait aval est réalisé pour attirer les poissons dans le sas et un courant d’attrait amont pour les faire sortir. Les écluses des 3 premiers aménagements à Beaucaire, Avignon et Caderousse ont ainsi été adaptées pour permettre le franchissement des aloses.

A, Entrée des poissons dans l’écluse : Ouverture d’une vanne de remplissage, portes aval ouvertes. Délivrance d’un débit de 60 m3/s pour attirer les aloses dans le sas.
B, Remplissage du SAS: Fermeture des portes aval et ouverture des deux vannes de remplissage.
C, Sortie des aloses de l’écluse : Ouverture de la porte amont et des vantelles des portes aval.

5/ Ascenseur à poissons

Le principe est exactement le même que celui d’un ascenseur. Les poissons migrateurs, attirés par le débit d’attrait, entrent dans une cuve. La grille anti-retour les empêche d’en sortir. La cuve contenant une quantité d’eau bien régulée remonte ensuite dans la tour de manœuvre et les poissons sont alors déversés en amont. Ce dispositif n’est pour l’instant pas présent sur le bassin Rhône-Méditerranée car les écluses déjà en place ont été privilégiées. L’ascenseur est assez contraignant d’un point de vue technique et mécanique, mais il permet d’équiper efficacement des ouvrages de grande chute avec une emprise modérée à l’échelle de l’aménagement.

6/ Passes à Anguille

Parcourues par une lame d’eau, les passes à anguilles permettent le franchissement d’obstacles de faible hauteur en utilisant la faculté de reptation des anguilles.
L’équipement par des dispositifs de franchissement ne permet pas de résoudre complètement et définitivement les problèmes de continuité écologique. Il faut être extrêmement rigoureux au moment de la conception du projet, dans la réalisation du chantier, et dans la vérification post-travaux du bon fonctionnement hydraulique et biologique de l’ouvrage.

Sur le long terme, il est également impératif de prévoir la surveillance et l’entretien régulier de ces dispositifs, à plus forte raison durant les périodes clés de migration. Les ouvrages considérés comme prioritaires ont une obligation réglementaire à être entretenu.
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